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B626

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Présentation de la B626

Bienvenu(e) à toi étranger(e) et ami(e).

 

Je ne sais comment tu es arrivé jusqu’ici mais je suis content de t’accueillir sur ma planète. Pour ceux qui aiment répertorier et nommer les choses, ce lieu porte le doux nom de B626, il se situe au beau milieu du ciel parmi la miriade d’étoiles, pas très loin de la planète du Petit prince (B612). Oui, je l'avoue, j’ai cette chance. J’ai surtout l’honneur de le rencontrer parfois au détour d’un astéroïde. Grâce ou à cause de lui, je (re)découvre mon univers. Il n’est pas très grand et pourtant, je n’en ai pas encore fait le tour. Puis, il y a des coins et recoins qui demandent beaucoup d’attention. En effet, comme sur la planète du Petit Prince, j’ai des baobabs, des volcans et une rose. Mais ce n’est pas tout, j’ai aussi des cafards, des papillons et une tortue. Ca en fait du monde pour une seule personne.


Je vis de très peu de certitude mais il en est une, je ne m’ennuie jamais, surtout en ce moment. Je me prépare, comme souvent, pour un voyage et avant de partir, je voudrais que tout soit en ordre ou plutôt que chaque élément trouve une place pour que règne un équilibre fragile mais un équilibre quand-même.


Donc, sur ma planète existe un volcan qui a encore grandi il y a quelques jours, j’ai cru devoir quitter le navire tellement il a pris de l’ampleur. Le Petit Prince m’avait pourtant prévenu; il m’avait expliqué qu’il faut nettoyer ses volcans chaque jour sinon le pire peut arriver.
Ce volcan ressemble à une montagne, il est devenu énorme. Lorsque je le regarde, je n’aperçois plus l’horizon. Il s’appelle “Je n’y arriverai jamais” (il faut croire que je suis une grande personne, j’ai besoin de nommer les choses afin de me les approprier). Ca faisait une semaine qu’il était en éruption et je n’osais aller le voir, je m’étais mis bien loin, à l’autre bout de ma terre. Je faisais semblant de rien à contempler les étoiles alentours. Jusqu’au jour où ma rose a crié très fort et m’a dit qu’avec ses épines elle pouvait se défendre des tigres et des tigresses mais qu’elle mourrait face à la fureur du feu. Mais moi, petit Nicolas, je me sentais totalement impuissant. Je n’étais pas capable d’arrêter la lave et je ne disposais de rien qui puisse protéger ma rose, je ne connaissais de pompier à proximité.
Je m’étais effondré et avais pleuré toute la douleur de mon être pendant un jour et une nuit.
Et aujourd’hui, le miracle a eu lieu, les larmes ont inondé la planète, apaisé le feu. Quel soulagement, tout n’est pas détruit. Ma rose s’est ouverte comme tous les matins et j’ai souri. Je me suis promis qu’à chaque levé du jour, j’irai nettoyer ce volcan et que je le regarderai avec beaucoup de tendresse, comme si je voyais l’horizon magnifique qui se cache derrière.

Une chose merveilleuse s’est produite, je n’ai plus besoin d’imaginer l’horizon. Sur les versants fertiles du volcan sont nés de splendides pâturages. A chaque fois que je vais nettoyer le cratère, j’ai droit à une belle balade les pieds nus sur l’herbe, accueilli par la rosée du matin.

A part cela, j’ai encore beaucoup de décrassage devant moi.
Vous vous demandez peut-être pourquoi il y a tant de désordre sur ma planète.
C’est assez simple, j’ai passé pas mal de temps sur différentes planète dont la B726; une planète un peu semblable à la mienne à part que tout paraissait plus beau. J’ai cru que je ferais mieux de rester là plutôt que de m’occuper de ma planète. Pourtant la princesse habitant sur cet astre appréciait aussi ma planète mais j’ai une tendance maladive à apprécier celle des autres (c’est dû à une vieille histoire avec ma lune et mon soleil dont je vous parlerai plus tard).
J’aimais contempler sa rose, lui offrir à boire, jouer avec les papillons, aller titiller son lion. Puis, la princesse aimait me montrer son “chez elle”. Il est des moments dans la vie où l’on aime ou on a besoin d’être regardé.
Petit à petit, je remarquais des volcans un peu sale, un peu trop de chenilles et j’ai cru bon de m’en occuper, surtout que la princesse se sentait dépassée par les évènements. Je me présentais pour faire le ménage même lorsque je n’étais pas invité.
Jusqu’au jour où la planète est devenue trop petite pour deux et que j’en prenais soin comme si c’était la mienne. Je devenais envahissant. La belle m’a donc, logiquement, demandé de rentrer chez moi.
Quel désarroi, je me suis senti perdu chez moi, je ne reconnaissais pas grand chose, je me serais cru dans la forêt amazonienne. Ma rose était en train de mourir. Il était grand temps que je lui apporte de ma présence. Le Petit Prince m’a toujours dit “c’est le temps que tu passes avec ta rose qui la rend belle”. Mais parfois le malheur des autres fait son propre malheur.

Ces derniers temps, un évènement étrange bouscule mon univers.
Comme les matins précédents, je nettoyais mes volcans avec minutie, j’enlevais aussi quelques chenilles de ma rose. Je me sentais de mieux en mieux chez moi, je goûtais
à la magie d’une planète “propre” où les papillons volaient en paix, où ma tortue se nourrissait de chaleureux brins d'herbe. Ma rose s’épanouissait dans la plénitude d’un monde de bien-être, sous la protection d’une sécurisante attention, bercée par le va et vient de la lune et du soleil.
Mais depuis quelques jours, je vis sous l’influence d’un phénomène nouveau, B626 change de trajectoire, je m’éloigne inexorablement de mon système solaire. Je me dirige droit vers les ténèbres ou ailleurs… De jours en jours, la nuit se prolonge, la clarté s’amenuise. Les vivants sont perturbés par cette variation de luminosité.
C’est alors que m’apparait le souvenir de l’allumeur de réverbère dont parlait le Petit Prince. A mon tour de créer de la lumière; à mon tour de devenir une étoile, un soleil.
C’est ainsi, qu’aujourd’hui, se trouve un réverbère sur ma planète, que j’allume et éteins selon mes désirs.

Chez moi, je fais le jour et la nuit quand je veux. Une nouvelle liberté est née.

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