L'école des besoins

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Publié le samedi 20 février 2016

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Episode 1

L'autre jour, je me baladais en mon être, en compagnie de petit besoin de douceur, main dans la main. Il était paisible, joyeux, comblé car j'avais pris soin de lui.

Il y a un truc magique avec les besoins. Dès que nous répondons à leur manque, ils se transforment en générosité. Ils ne sont plus « demande », ils sont « don ».

Donc, nous marchions tranquillement avec petit besoin de douceur comblé, devenu don de douceur. C'était magnifique, il me montrait combien mon existence était délicate et sucrée. Quand, tout à coup, nous fûmes bloqués par un gros besoin. Impossible de progresser davantage, il entravait le passage à cause de son importante corpulence.

Un élément à préciser est qu'un besoin non comblé, gonfle. Au plus il est refoulé, au plus il devient encombrant, jusqu'à empêcher la vie de circuler.
De petit besoin, il passe à gros, ensuite énorme, jusqu'à se transfigurer en monstre besoin. Et là, attention les dégâts.

Don de douceur et moi, nous nous assîmes auprès de gros besoin.
- Bonjour gros besoin, comment t'appelles-tu ?
- Je suis besoin de compréhension.
- Ca fait longtemps que tu es là ?
- Heuuu oui, tout de même, depuis que tu avances sans prendre le temps de réfléchir.
Voilà que petit besoin de pardon accourut à toute vitesse.
- Je me pardonne de ne pas avoir pris ce temps nécessaire.

Un exemple intéressant. Petit besoin de pardon, conscientisé et reconnu instantanément, s'est immédiatement transformé en don de tolérance. A l'inverse, à l'état de monstre, il se nomme culpabilité.

Sur ce gros besoin de compréhension avait déjà un peu dégonflé.

Porter de l'attention à son besoin est une étape capitale vers l'apaisement.

Besoin de compréhension se sentait déjà mieux. Nous pûmes reprendre la route avec don de tolérance, don de douceur et moi, tout en écoutant besoin de compréhension.
Il m'appris un tas de choses. J'écoutai chacun de ses mots avec la plus grande attention.
C'est alors, que nous rencontrâmes petit besoin de repos se chamaillant avec petit besoin de rire.
Stoooop !!! Ce n'était plus gérable, petits besoin par-ci, gros besoins par-là. Trop de désordre, je ne pouvais pas passer mon temps à rattraper tous les besoins. Si j'essayais de les écouter tous en même temps, ce se serait juste un brouhaha. Il était l'heure de réorganiser tout cela.
Heureusement, entre-temps, besoin de compréhension était devenu don d'idée.
Et quelle idée… créer une école des besoins.
Ce que je fis sur le champ. Le premier cours commencerait dès aujourd'hui.
C'est ainsi que je colportai le message jusqu'aux contrées les plus lointaines de mon être, que chaque besoin devait être présent au lieu dit « nombril » à 17h00 précise ; tous, y compris les monstres et les dons.

Le nombril, un point extrêmement important du corps. Notre premier lien à la vie. La première rupture avec une source extérieure de nourriture. Notre point d'équilibre. Le lieu de l'ego.
N'y a-t-il pas un lien étroit entre ego et besoin ?
Au-delà, c'est également le centre du ventre, aussi appelé « deuxième cerveau ». Cette appellation provient de ce film qui m'a appris pas mal de choses : http://www.dailymotion.com/video/x1jp95s_le-ventre-notre-deuxieme-cerveau_news

17h00, le jour même.
Je pris la parole avec grande peur. La peur au ventre pourrais-je écrire. Tant de besoins en un même lieu, au même moment, créent forcément des nœuds à l'estomac.
« Bonjour chers besoins, monstres et dons,
Bienvenue dans votre nouvelle école, l'école des besoins.
Je suis un homme heureux et inquiet de vous voir tous réunis. Les premiers cours débuteront dès la fin du discours. Je souhaite vous faire part d'une croyance.
Je crois au principe de transformation. Tout est mouvement, énergie. La Vie nous le montre à chaque instant, elle nous démontre le potentiel de création et de transformation inépuisable auquel nous appartenons.
Vous, besoins, monstres et dons me le prouvez également puisque vous évoluez, chacun à votre rythme.
Si je vous ai réunis au sein de l'école, c'est parce que je vous ai oublié longtemps (besoin de compassion jubile) et qu'il est venu le moment de vous respecter, de vous écouter, de créer de la cohérence plutôt que de l'errance car je ne souhaite plus exister dans un air rance. »
Tout au fond de la cours, j'aperçois besoin de jeu éclater en don de jeu de mots.
« J'ai assez parlé, votre premier cours sera donné par le professeur rigueur. »
Hoooo, la rumeur se fait entendre dans l'assemblée. Besoin de liberté gonfle à vue d'oeil.
Professeur rigueur prend la parole.
« Bonsoir à tous, je ne ferai aucun discours. Entrons immédiatement dans le vif du sujet. Je vous donne cours de méthodologie Que les besoins qui sont déjà gonflés par ma présence s'avancent vers moi. »
Besoin de liberté, ressemblant à un bibendum, avance le premier ; suivent besoin de jeu, de rigoler et tant d'autres encore.
« Maintenant que les besoins devenus dons en ma présence approchent. »
Besoin d'assurance transformé en don de rassurer par un côté rationnel, s'avance. Don de confiance, don de rigueur, don de stabilité et leurs copains, copines viennent à leur tour.
« Besoins et dons qui vous êtes avancés, vous avez une heure pour échanger. Les autres, je vous invite à rejoindre la cours de re-création, vous faites ce que bon vous semble à l'exception de dé-ranger les besoins et dons qui travaillent. »
Besoin de liberté ne sait plus où il en est, il a une folle envie d'aller dans la cours de re-création.
Les dons engagent la conversation, guidés par le professeur de méthodologie.
- Besoin de liberté, nous t'écoutons avec bienveillance. Quel est ton ressenti ici et maintenant ?
- Je me sens mal, j'ai tellement envie de galoper à l'infini, dans d'immenses espaces. J'ai envie de découverte. Besoin de créativité et besoin de jeu le rejoignent à l'unisson.
- Don de rassurer prend la parole. Je vous comprends pleinement. C'est un peu abrupte ce que propose le professeur rigueur.
- Le professeur de méthodologie parle à son tour. Quelles sont vos peurs ? Parlez, s'il vous plaît, chacun à votre tour. Vous aurez tous la parole. Le plus gonflé s'exprime en premier.
- Ma peur ultime est l'enfermement, éructe besoin de liberté.
- Ma crainte est l'uniformité, exulte besoin de créativité.
- Je suis inquiet de lassitude, dit besoin de jeu.

Un besoin insatisfait finit donc par créer un monstre, la peur qui en découle.

Ainsi s'installe l'échange entre besoins et dons.
- J'ai pas envie d'être ici, dit besoin de liberté, complètement déstabilisé.
- J'entends ton inquiétude. Sache que le professeur a bien dit que nous n'en avions que pour une heure. Après, tu pourra à nouveau gambader, exprime chaleureusement don de rassurer.
- Don de confiance prend la relève. Si les choses nous sont proposées de cette manière, c'est qu'il y a une bonne raison même si nous ne la percevons pas dans l'instant.
Les échanges continuèrent pendant un moment. A la fin, les besoins étaient plus tranquilles et les dons s'essoufflaient.
Professeur rigueur développa un peu l'intérêt du cheminement pour clore le cours.
« Besoins, il est utile de comprendre que dans un premier temps, chacun doit trouver sa place sinon les autres besoins continueront à gonfler et il n'y aura plus de terrain de jeu du tout. Vous seriez d'abord pleinement satisfaits mais petit à petit, vous seriez étouffé par les autres besoins qui ne cesseraient de gonfler. Imaginez ce que peut devenir un être où chaque besoin est entendu. Vous deviendriez tous Dons. Vous seriez tous anoblis. Ne serait-ce pas merveilleux… »
Besoin de créativité, poussé par besoin de jeu s'exclame « ouai mais m'sieur, si on gonfle tous les besoins à l’hélium, ils ne seront plus gênants. »
La réponse ne se fit pas attendre. « C'est une idée mais il n'y aurait alors plus de lumière sur votre monde. »

La suite prochainement…

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